Un article du Matin ( 19/09/07 ) relatait la situation actuelle des droits de l' homme dans ce qu' on apelle les Provinces du Sud du Maroc. Mais on y a fait surtout l' éloge du régime marocain quant à l' application des droits humains au Sahara et dans tous le pays. L' article, publié par ce journal marocain ô combien makhzénien, nous a
semblé très trop-accrocheur mais hilarant : « Le Maroc, respectueux
des droits de l' homme ».
Une petite remise en place du dit journal et des nombreux « médias » marocains à la solde du makhzen ( c' est-à-dire la quasi-majorité ) nous paraît plus que nécessaire.
Nul besoin de parcourir l' article du Matin. Il suffit de viser le titre : le Maroc respecte les droits de l' homme. On ne peut être on ne peut plus clair. On peut donc en conclure une chose : il faut immédiatement alerter la presse internationale et les chaînes d' actualité internationale telle, par exemple, Al Jazeera ( Pourquoi pas ! ), pour informer le monde entier d' un fait on ne peut plus unique et phénoménal : le Maroc est respectueux des droits de l' homme ! Décidemment, la bêtise médiatique marocaine étonne de jour en jour. Le Maroc, c' est-à-dire le makhzen, respecte désormais les droits de chaque être humain sur le sol marocain. Il faut tout de même faire preuve d' un énorme stock de culot pour oser choisir un titre pareil... Mais passons !
En fait, on nous annonce en fait que le peuple marocain peut enfin vivre dignement. Puisque qu' ils bénéficient de tous leurs droits. La dignité mais également la liberté, l' égalité et tous les droits auxquels la Déclaration des droits de l' homme fait référence. C' est absolument à inscrire dans les annales de l' Histoire de l' Humanité. Malheureusement, il existe des pays comme la France où des hommes et des femmes sans domicile fixe meurent chaque hiver à cause du froid. Où les États-Unis où les hautes autorités de la « Justice » elles-mêmes décident de la mort de détenus via la chaise électrique. Le Maroc, lui, respecte les droits de l' homme et surtout au Sahara*. C' est exprimé le plus simplement du monde. Le makh-zen peut rester zen...
Et pourtant, il existe uniquement un seul pays sur Terre à interdire à des citoyens de prénommer leurs enfants selon leur histoire et leur culture, selon leur conscience identitaire et leurs valeurs. En effet, il y a un seul pays au monde où l' état ( se disant être ) de droit a instauré une «liste de prénoms autorisés » excluant presque tous ceux qui ne reflètent pas l' idéologie raciste sur laquelle se base cet état. Un seul pays au monde à laisser des nouveaux-nés et enfants sans prénom pendant des mois à cause de leur origine, de leur histoire, du désir de leurs parents d' honorer leurs ancêtres par un prénom à connotation culturelle : le Maroc.
Ce pays est pourtant « respectueux » des droits de l' homme, nous rabâche-t-on sans cesse. Il faut savoir qu' interdire pour une raison non valide ( comme le font si bien les services d' état civil dans tout le Royaume et les consulats à l' étranger ) à un parent de prénommer son enfant tel qu' il le souhaite est non seulement une atteinte à son honneur mais aussi une insulte à sa dignité. Et, en outre, un non-respect des textes internationaux comme la Convention internationale des droits de l' enfant, pourtant ratifiée par ce pays qui, dit-on, respecte les droits de l' homme : notre cher pays le Maroc.
Cet article du Matin ô combien mensonger ne fait que renvoyer chez eux tous les militants des droits de l' homme au Maroc. Nous parlons bien entendu de tous ceux et celles qui militent pour les droits de chaque homme et femme, quelque soit l' origine ethnique ou sociale. Et non de ces organismes marocains des droits de l' homme arabe que l' on entend étrangement jamais quand les droits des citoyens marocains amazighes sont bafoués...C' est-à-dire en permanence.
D' ailleurs, en ce qui concerne les Amazighs au Maroc, la liste des conséquences de ce virtuel respect des droits de l' homme est longue. Les militants et étudiants amazighs sont régulièrement arrêtés, victimes de la répression des « forces du désordre », attaqués en « injustice » et accusés de toutes sortes de maux. Sans parler des intimidations que subissent ces jeunes et leurs familles, des grèves de la faim ( qu' on prend le soin de dissimuler ) en prison par certains détenus, des coups et blessures et de toute la barbarie qui accompagne ces actes anti-humains par excellence. On ne peut, de surcroît, respecter les droits de l' homme en incitant tout un peuple à la haine et en divisant pour mieux ... voler.
Le Matin, journal officiel du makhzen parmi d' autres, est le porte-parole du makhzen comme tant d' autres « médias ». Le Ministre marocain de la Communication, Nabil Benabdallah, membre de l' UFSP ( à notre regret, grand perdant des élections législatives de cette année ) quitte ses honorables et rentables fonctions pour laisser son trône en pacotille à un autre démagogue. Mais, la presse marocaine nous informe que le Ministère de la Communication va disparaître puisque des instances et organismes professionnels ont été crées. Soit. Que le Ministère de la Communication et son chef disparaissent, c' est une bonne nouvelle. Puisqu' ils n' ont servi à rien pour les Amazighs. Mais si l' amazighité continue d' être folklorisée et disparaît du paysage audiovisuel marocain, il ne faudra pas s' attendre à ce que les Amazighs chantent et dansent...
Ce que les « médias » marocains, et surtout la presse marocaine, doivent comprendre, c' est qu' un misérable article ne pourra jamais contredire la réalité du terrain. Une réalité amère malgré notre modeste optimisme : le régime marocain a fait beaucoup d' efforts pour mettre un brin de lumière sur les années de plomb. Mais très peu de choses ont été faites quant au respect des droits minimaux des marocains. Aujourd' hui. Le plus précieux est celui de la dignité. Le nouveau gouvernement marocain et ses toutous médiatiques connaissent-ils le sens de ce mot ou faudra-t-il le leur apprendre ?
Par Alahyan Fatima
* Au passage, une petite parenthèse s' impose car il faut bien que la voix amazighe résonne : le Sahara n' est ni marocain, ni algérien mais avant tout une terre amazighe qui appartient aux ancêtres des marocains et des algériens à savoir : les autochtones amazighs. Le Sahara n' appartient ni aux régimes panarabistes algéro-marocains, ni aux Arabes et aux Janjawids du Polisario qui n' ont rien à faire sur ce territoire. Qui, répétons-le, n' appartient qu' à un seul peuple : le peuple amazigh.