Douze ans après son introduction dans le système éducatif algérien, suite à une lutte acharnée menée par plusieurs générations de militants, l’enseignement de la langue amazighe reste prisonnier de plusieurs considérations malveillantes.
La situation que vivent les enseignants de cette langue met au clair les innombrables problèmes qui guettent son épanouissement.
D’un côté, des responsables sans scrupule dressent moult embûches devant son enseignement en refusant d’appliquer les multiples recommandations ministérielles. Le manque d’enseignants spécialisés et à l’évidence, est dû au manque de volonté politique pour assurer les financements nécessaires pour la promotion de tamazight.
De l’autre, la gestion unilatérale du corps professoral en procédant dans les premières années de son enseignement au recrutement à la pelle, devient aujourd’hui, un point noir que d’aucuns hésitent à soulever. Le cas des enseignants contractuels, qui ont honoré leur engagement pendant plus de trois ans, se retrouvent sans aucun statut. Ces mêmes enseignants sont contraints, chaque année, aux errements dans les couloirs des administrations afin de trouver une oreille attentive à leurs doléances.
Sur le plan didactique, l’enseignement de la langue amazighe reste toujours rudimentaire, est-elle une volonté de saper son enseignement ou tout simplement, tamazight est une idée non grata au sein de l’école algérienne ?
A Bouira, où un département de langue et civilisation berbères devait ouvrir ses portes, une suite négative a été réservée par les responsables de l’université de ladite ville à ce projet. Le report de sa mise sur pied est conditionné à l’absence d’infrastructures d’accueil. Une chose qui sera démentie par un autre responsable qui parlera, plutôt de maque d’enseignants. Derrière ces sempiternelles fuites en avant se cache, malheureusement, une volonté politique négationniste nourrie par les années de discrimination sévissant à l’encontre de cette langue.
Un autre problème sérieux qui empoisonne cet enseignement, est celui du caractère facultatif des cours au nombre et au statut des enseignants. Le caractère facultatif a fait que peu de wilayas d’Algérie dispensent cet enseignement.
Outre cet aspect de libre choix, il y a le problème lié à la langue, celui de la normalisation, une question qui a soulevée un tas d’interrogations chez les linguistes et chercheurs.
L’urgence, selon des spécialistes, est de doter cette langue d’une académie, d’un organe qui s’occupera de son enseignement. Autrement dit, de faire appel aux chercheurs de rang doctoral qui proposeront des normes d’écriture adéquates, de syntaxe appropriée, pour dépasser le stade de l’oralité.
Le système graphique pour tamazight, un autre débat, qui a du mal à recueillir un consensus entre les partisans du caractère latin et ceux du caractère arabe, car beaucoup de chercheurs assimilent cette question à une manipulation politicienne grossière.
Mohamed Mouloudj
La dépêche de kabylie