Depuis 1970, le Centre national indonésien des langues (CNIL) effectue des recherches sur les langues en Indonésie. Il a recensé 746 langues différentes, parlées dans le pays où on dénombre le plus grand nombre de musulmans dans le monde. Notons que les experts de ce centre parlent de "langues vivantes" et de "dialectes", parlés par un grand nombre de tribus éparpillées dans tout l'archipel.
A en croire le responsable du département des langues, les conditions géographiques sont la principale difficulté freinant les travaux de recherche. " Notre personnel est obligé de gravir des montagnes, de franchir des rivières et de marcher à pied pour atteindre les régions ciblées" précise M. Suguno. Dans cet état laïc, la diversité culturelle et linguistique n’est pas une vaine expression.
En Afrique du Nord (Tamazgha), c’est tout autre chose. Les régimes politiques marginalisent tout ce qui parle tamazight, sur tous les plans (emploi, politique, art, médias...). D’ailleurs, c’est une « langue morte » pour ne pas dire un patois local. Pourtant, bien que menacée de disparaître un jour où l'autre, il s'agit bel et bien d’une langue vivante, qui a résisté à l'invasion des langues étrangères malgré les emprunts lexicaux. D’ailleurs, en 2008, tamazight résiste toujours contre l'arabisation institutionnalisée grâce à nos mères qui perpétuent cette langue oralement.
Au Maroc, premier pays amazighophone, le Roi a crée l'IRCAM en 2002 par dahir, pour (sans aucun doute) "assurer à l'amazigh son rayonnement dans l'espace social, culturel et médiatique, national, régional et local". Cependant, la réalité contredit tous les beaux discours...Le HCA est le corollaire de l’IRCAM en Algérie, crée en 1995 par décret. Mais on aura beau multiplié le nombre de dahirs royaux et de décrets présidentiels, l’absence de volonté politique, qui se dissimule derrière toute cette paperasse officielle, persiste toujours.
Au Maroc, ce sont surtout des chercheurs étrangers ("irumin") qui parcourent nos montagnes, traversent nos rivières et marchent des kilomètres pour récolter et préserver les quelques vestiges qui n'ont pas (encore) été absorbées par l'idéologie arabo-musulmane. Pendant que l’on se soucie de l'histoire, la civilisation et la langue amazighes dans les universités occidentales, M. Boukous, recteur de l’ IRCAM, préfère défendre son maigre bilan…
Moralité. Face à l’absence (tellement) flagrante de volonté politique quant à redonner à l’amazighité son honorable place, les vrais spécialistes (linguistes, anthropologues…) n’ont qu’un seul choix à faire : claquer la porte de ces instituts, aussi prestigieux soient-ils, pour parcourir les montagnes de l’Atlas, du Souss, du Rif, de Kabylie et des Aurès. Préservant ainsi notre culture millénaire mais aussi leurs principes. Certains chercheurs sont déjà passés à l’acte. Preuve qu’il existe encore des Amazighs qui ont le sens de la dignité. A qui le tour ?
Alahyan Fatima