Tout a commencé il y a 33 ans, le 20 avril 1980, à l’Université de Tizi Ouzou, quand le régime totalitaire algérien a interdit une conférence de Mouloud Mammeri sur la poésie amazigh ancienne. Depuis, les amazighs du monde entier célèbrent le Printemps Amazigh.Comme à leur habitude, les Amazighs se sont donné rendez-vous et ont marché les 20 et 21 avril 2013 un peu partout dans le monde, en Algérie, Maroc, Iles Canaries, en Tunisie, en France, pas seulement pour commémorer et raviver la mémoire du printemps Amazigh mais pour rappeler des revendications fortes, légitimes, politiques et toujours d’actualité.
En Algérie : les amazighs ont marché le 20 avril, notamment en Kabylie. Les slogans des militants et des sympathisants du MAK (Mouvement pour l’Autonomie de la Kabylie), et du parti Rassemblement pour la Culture et la Démocratie (RCD) ont retenti à Tizi Ouzou, à Tuvert, Bgayet, et Bouira ; des slogans comme « Autodétermination de la Kabylie », « Soutien à l’Azawad », « Pouvoir Assassin » qui rappelle le printemps noir de 2001 où 126 jeunes kabyles ont péri,
A part quelques échauffourées à Bouira, les manifestations se sont à peu près déroulées dans le calme, seule une vingtaine de militants a été interpellée.
Un militant amazigh du Maroc, Khalid Zirari, Vice-Président du Congrès Mondial Amazigh, qui a participé à la marche de Tizi Ouzou et a lu une lettre de soutien au Mouvement d’Autonomie de la Kabylie, a été interpelé à la fin de la marche et amené au Commissariat pour interrogatoire, tandis que le Président du CMA Fathi AIT KHALIFA était, bien qu’invité à participer à la manifestation, empêché d’entrer sur le sol algérien.
Au Maroc : la IVème Marche de Tawada à Meknes confirme une fois de plus le chemin tracé par le mouvement amazigh ; une jeunesse bien engagée, bien organisée, avec des slogans précis «demande de libération des prisonniers politiques » « soutien à l’Azawad » « fraternité avec le peuple kurde », « halte à la ségrégation raciale » et rappel à l’Etat marocain de ses engagements et obligations envers la langue amazigh et réhabilitation de la vraie histoire du Maroc
En Libye post-Khadafi, où les amazighs ont largement participé au renversement de ce régime fasciste et où l’amazighité vit au grand jour malgré quelques poches de résistance islamistes et panarabes qui refusent d’admettre que tout a changé dorénavant, une grande manifestation est prévue vendredi 26 avril à Tripoli devant l’ambassade d’Algérie, en solidarité avec les amazighs d’Algérie.
En Tunisie : alors qu’on nous faisait croire qu’aucun amazigh ne peuplait la Tunisie, pour la première fois après la chute du régime de Ben Ali, soudainement ils réapparaissent et revendiquent haut et fort leur identité. Une marche symbolique a été organisée pour dénoncer la marginalisation et les intimidations dont ils sont objet.
Aux Canaries : sur la voie tracée par Antonio Cubillo, les indépendantistes canariens ont célébré le 21 avril 2013 le printemps Amazigh en brandissant des slogans de soutien aux Amazighs du Maroc, de l’Algérie, de l’Azawad et ont rappelé à l’Etat espagnol que le peuple Guanche est en marche pour prendre son destin en mains.
Dans les camps de réfugiés mauritaniens, 15 000 réfugiés Azawadiens ont manifesté leur soutien indéfectible au Mouvement National de Libération de l’Azawad (MNLA), pour eux Libérateur d’un pays toujours sous occupation malienne, et ont rappelé à la France ses responsabilités et son devoir de protection de ce peuple victime d’ exactions et d’exécutions sommaires commises par l’armée malienne, et exigé qu’une solution politique rapide soit trouvée afin que ces populations puissent réintégrer leur territoire.
L’Instance de l’Onu qui lutte contre les discriminations a rappelé à l’Etat Algérien la nécessité d’officialisation de la langue, et depuis, l’éventualité d’un référendum constitutionnel se murmure dans les coulisses.
Cependant, le constat fait de tous ces points de rendez-vous ne peut que nous réjouir et nous conforter dans la certitude de la volonté, de la constance et de la persévérance d’une même revendication du peuple amazigh qui demeure fidèle à ses martyrs tombés aux champs d’honneur et à ses traditions malgré tous les rejets et toutes les discriminations dont il est l’objet depuis des siècles.
Ibrahim Messoud