La défense envisage de faire appel du « jugement ». Ce procès, tant attendu (et redouté) par les détenus et leurs familles, survient après les évènements qui avaient secoué les universités marocaines en 2007. Des groupuscules arabo-baathistes et islamistes s’étaient emparés des lieux, semant le trouble dans les campus universitaires. Mais, on le sait, ce « procès » est une mascarade parmi d’autres.
Ait Elbacha Youssef, Hajja Younes, Echami Mohamed, Ait Elqayd Yidir, Taghlaoui Omar, Ennouari Mohamed, Zeddou Yidir et Amer Ouddi sont désormais libres. Avec les deux grands malheureux de ce procès, Ousaya et Ouadouch, ils avaient été incarcérés dans la prison de Sidi Said à Ameknas depuis le 22 mai 2007, après avoir été placés arbitrairement en « détention préventive ». Grèves de la faim, tortures, viols à la bouteille, traitements inhumains, propos racistes, c’est ce qu’ont subi ces dix jeunes durant leur séjour en prison. C'est-à-dire pendant environ un an et demi ! A l’extérieur, non plus, leurs proches n’étaient pas de tout repos. Le comité de soutien des détenus politiques d’Ameknas, qui suit cette affaire depuis son début, en a vu de toutes les couleurs. Le makhzen a, à plusieurs reprises, reporté l’audience, agressé les familles, annulé les sit-in prévus pour manifester contre « l’injustice de la justice marocaine » et pour la libération de leurs fils.
Après de multiples provocations de la part des autorités makhzéniennes, le verdict est tombé. Les huit libérés doivent s’acquitter d’une amende de 1000 dirhams, en plus d’avoir résisté plus de 17 mois en prison (la peine encourue est d’un an). Ouadouch Hamid et Ousaya Mustafa ont écopé de 12 ans de prison ferme et d’une amende de 80 000 dirhams pour indemniser la famille de la victime. La victime, ici, est un étudiant de l’université d’Ameknas, tué en mai 2007. Sans aucun doute, il n’a pu être assassiné que par des criminels sanguinaires, remplis de haine et assoiffés de sang. Je parle des milices arabo-islamo-baathistes envoyés par le makhzen pour ensanglanter les universités, de manière à faire des militants pacifistes du MCA le bouc émissaire du drame. Car ces jeunes étudiants, issus du MCA, ont hérité des valeurs humaines perpétrées par leurs ancêtres. Alors que les guerilerros arabistes de la pseudo « Voie Démocratique » veulent à tout prix exporter la violence irako baathiste à Tamazgha. Un aperçu de cette violence peut-être visible sur les photos des étudiants blessés à Ameknas (Avril/Mai 2007) http://www.tamazgha.fr/Photos-d-etudiants-blesses-lors-des-agressions-de-Meknes,1956.html.
En effet, les vraies victimes, dans cette affaire, sont ces jeunes étudiants amazighs qui n’ont commis aucun crime si ce n’est celui de défendre coûte que coûte leur amazighité. Le « juge » d’instruction n’y est pour rien dans le verdict. Ce n’est qu’une marionnette téléguidée par le « ministère de la Justice », lui-même téléguidé par les hautes instances…On a jugé ces étudiants comme des voyous et des criminels d’où les peines prononcées. Alors qu’on sait tous, et le makhzen en premier, que ces étudiants ont été jetés en prison pour des raisons politiques. C’est le fond du problème. La cause amazighe est éminemment une cause politique en plus d’être culturelle, linguistique et sociale. N’en déplaise à ceux qui passent tout leur temps à organiser des festivals amazighs comme, par exemple, le président du Centre Tarik Ibn Ziyad, situé à Ameknas, M. Aourid.
Le fait que des jeunes qui n’ont été formés que par eux-mêmes expriment des revendications politiques en tant qu’Amazighs incite les autorités makhzéniennes à revoir leur politique d’arabisation. Mais pour abattre le MCA, le régime a besoin d’alliés, en plus de se mettre la « justice » de son côté, qu’il va chercher sur le terrain. Comme, Hassan Aourid, ex-porte-parole du palais royal et ami du Roi faut-il le préciser. Cet esclave « Amazigh » connaît parfaitement la situation du MCA et offre régulièrement ses services à l’état pour mater la rébellion amazighe. Et pour saper les fondements du MCA, quoi de plus facile que de recruter des gangsters arabo-sahraouis avec pour mission de razzier les universités marocaines, et au passage, commettre un ou deux crimes. L’objectif étant clair : souiller l’image du MCA pour décrédibiliser les revendications amazighes. D’ailleurs, le verdict prononcé par le « juge » est un message clair lancé par le pouvoir aux Amazighs qui résistent encore à l’arabisation : Rendez-vous (c’est-à-dire « Vendez-vous ! ») ou Crevez !
Se rendre ou mourir : ainsi est la justice marocaine. A titre d’exemple, on sait que le Maroc s’est engagé dans la lutte contre le terrorisme. Alors que c’est bel et bien la politique d’arabisation menée par le régime de Rabat qui a fait de ce pays le nid des barbus enturbannés et des candidats au suicide explosif. Si on compare les verdicts anti-terroristes et les verdicts anti-amazighs, on découvre, en fait, que les terroristes, ce sont les militants du MCA, les premiers à avoir tiré la sonnette d'alarme sur les dangers du processus d’arabisation.
Nombreux sont les discours du Roi qui évoquent le caractère prioritaire et fondamental de la « réforme de la justice ». Mis à part le milliard de dirhams dédié au relooking de 22 salles d’audience (10 000 ordinateurs supplémentaires, installation de bornes interactives…) et des jugements inappropriés, on n’a rien vu d’autre ! On sait bien que la justice, au Maroc, est tout sauf indépendante. Le ministre marocain de la Justice, Abdelwahed Radi aime bien répéter que « la justice est indépendante vis-à-vis du pouvoir politique » Et comment, on aimerait bien y croire ! Malheureusement, le cas des détenus politiques amazighs démontre le contraire. Les Amazighs dérangent, les juges sont donc appelés à contribuer, eux aussi, au démantèlement de leur mouvement Tous les moyens sont bons pour liquider le MCA.
Ameknas, c’est la ville où auront (peut-être) lieu les 5èmes assises du Congrès Mondial Amazigh. C’est aussi une ville qui a su préserver son authenticité amazighe de par son Histoire. C’est à l’université d’Ameknas où des bandes arabistes ont juxtaposés les drapeaux amazigh et israélien pendant la période noire de 2007. C’est également cette région amazighe du Moyen Atlas qui est présidée par l’anti-amazigh Aourid. Nombreux sont les enjeux qui se cachent derrière cette région et son actualité… Toujours est-il que le silence des associations (véritablement) amazighes concernant le terrible verdict du 17 Octobre est inquiétant. Soutenons Ousaya et Ouadouch et tous les autres détenus politiques amazighs qui préfèrent crever que de se rendre !