Depuis le soulèvement révolutionnaire en Libye en date du 17 février 2011, la Chaine Aljazeera suit coûte que coûte les événements et la guerre qui a été imposée par le régime khadafiste aux populations civiles de la Libye.
On reconnait que la tâche qui incombe à un journaliste dans une région en guerre est difficile, voire risquée, d’autant que la mission des journalistes en Libye à ce moment était éminemment dangereuse dans ce milieu fermé et hostile au journalisme et aux médias libres, le cameraman d’Aljazeera Ali Hassan AL JABER l’a payé de sa vie, ce journaliste d’origine Qatari est tombé en martyr après que l’équipe de la chaîne eut été la cible d’une embuscade dans la zone de Hawari près de la ville de Benghazi.
Les reportages et les commentaires de cette chaine, au fil des jours et des mois, commencent à susciter des interrogations sur son rôle en Libye, et à nous agacer dés lors qu’ils sont contradictoires et souvent proposés au public à la hâte, pour que ce Public avale tous chauds ces commentaires frappés de beaucoup de partialité et d’occultations, et de non-vérification de la source de ces commentaires.
Les images des vidéo-amateurs déferlant sur la chaine Aljezeera, de la mort de M.Khadafi et de la chute de la capitale Tripoli, la Chaîne Aljazeera s’est précipitée afin d’avoir le scoop, dépêchant quatre 4X4, un caméraman et des journalistes en costumes-cravates amenant avec eux le « Commandant » AbdelHakim Belhaj pour le montrer dans son uniforme, une mitraillette à la main, les traits crispés, surpris par la situation… et le forcer à parler !
Comment peut-on accepter un seul instant de telles images de contre-vérité ?
Nous avons le droit en tant que Public de nous demander si tout ceci n’est pas tricoté pour servir les agendas politiques et stratégiques des Etats dans cette région et peut-être aussi faire plaisir à des idéologies qui occupent déjà ou cherchent à occuper une place dans l’organigramme politique de la Libye de demain.
C’est à travers cette optique uniquement, qu’on pourrait lire les dérapages de la chaine d’Aljazeera qui a été livrée à la propagande gratuite -pour tel ou tel groupe ou pour telle ou telle région- au détriment de la vérité, de l’impartialité et de la fiabilité de l’information en Libye révolutionnaire.
La région de l’est a été longuement sur-médiatisée, notamment la ville de Benghazi, et largement protégée par l’OTAN depuis la mise en place par l’ONU de la résolution 1973 alors que paradoxalement d’autres régions principalement à l’ouest, dont la région Mizrata- Zaouia-Zenten- Montagnes de Neffussa, régions berbérophonnes, qui ont subi état de siège, dont la population a été martyrisée, violentée, et ont vu l’exode de 400 000 familles via les frontières tunisiennes.
Ces régions ont cependant fourni le plus gros des forces militaires engagées dans la chute de Tripoli et dans l’effondrement du régime khadafiste.
Cette vaste région occidentale, dont le sort à été occulté pendant des semaines, voir des mois –on a même entendu le CNT contester l’armement des civils de cette région- avant que la Communauté Internationale ne réagisse sous la pression de la Société Civile, des ONG (surtout des associations amazighes implantées un peu partout en Europe) et des intellectuels de conviction.
Cette même région, qui a ensuite été couverte par des journalistes de métier, de chaines anglo-saxonnes intervenus avec bravoure… C’est là qu’Aljazeera, quand les civils révolutionnaires armés commencent à gagner les batailles et pacifier les zones, et prendre le poste frontalier stratégique Rass Dhiba, c’est là qu’Aljazeera est arrivée !
Et dans ce combat de journalisme de vérité-contre vérité, trois reporters de la BBC ont été enlevés, et battus par les milices de Khadafi, dans l’ouest, près de Zaouia avant d’être relâchés après 21 heures de détention, c’est là qu’on commence à entendre parler de ces régions libyennes !
Le public a droit à une information respectueuse et respectée, une information de qualité, de vérité, de non-recours à des procédés déloyaux, de vérification des faits, de présentation de bonne foi, d’impartialité.
Ibrahim Messoud.
Acteur associatif de la diaspora Amazigh