L'opacité continue. M. Kherouz, président de la commission chargée de l'élaboration du projet de loi organique relative au Conseil national des langues et de la culture marocaine , nous répond à travers la couverture consacrée par le quotidien Marocain Libération du 20 novembre 2015 à ce sujet, en précisant qu'il y a bel et bien eu un communiqué du département de la Culture qui a été diffusé et qu'il s'agit d'une commission restreinte qui préfère travailler dans la discrétion pour plus d'efficacité, et que Les membres de la commission ont été sélectionnés selon des critères objectifs et transparents en respectant au niveau de sa composition l'ensemble des représentations associatives. Il rappelle enfin que les personnes non représentées au sein de celle-ci, auront l'occasion de donner leurs avis lors des débats menés par le dialogue national !
Nous tenons tout d'abord à remercier M. Driss Kherouz pour cette déclaration qui est le seul propos que nous puissions considérer comme communicatif et officiel, compte tenu de son titre en tant que président de ladite commission. Pour procéder à l'analyse de ce propos, et pour porter plus d'éclaircissement à cet égard, nous devons préciser qu'il ne s'agit pas d'une question de personnes ni de participation au débat. D'ailleurs le Communiqué du mouvement Amazighe est suffisamment détaillé et clair sur ce point. Il critique et refuse catégoriquement et la procédure non démocratique, non participative, méprisante, confuse, régie loin de l'esprit de la Constitution même, et le résultat auquel elle va aboutir...
Jusqu'à présent l'opinion publique en général et les différentes parties concernées parlent du travail de cette commission et du conseil qui va en découler. Se posent par conséquent plusieurs questions sur le manque de clarté dans la composition de cette commission, et sur le seul flash sommaire publié sur le site du ministère de la culture et qui ne peut pas être considéré comme un véritable communiqué. A propos de sa nature et la procédure suivie dans sa création, nous devons préciser qu'il ne s'agit pas d'une commission technique restreinte, mais il s'agit bien d'une commission assez large dont les membres se chiffrent à 36 - il est même possible que cela augmente dans les prochains jours - et qu'elle est de nature politique relative à une approbation constitutionnelle.
Concernant la notion d'efficacité, il est à noter que la formation et le travail d'une commission de ce genre sont fortement liés à la procédure optée dans sa création et sa représentativité, notamment le respect de l'approche démocratique, participative, et transparente. Or, ladite commission préfère continuer dans l'opacité. De fait, la représentation de la dimension amazighe, en tant que composante essentielle de la société civile marocaine comme domaine de recherche, d'expertise et d'expression culturelle et artistique, y est visiblement minime voire méprisée. Ce qui lui ôte toute chance, à notre point de vue, de mieux défendre sa position et de voir la mise en œuvre des cumuls réalisés ces dernières années en matière d'études scientifiques, de projets, de mémorandums, et de mises au point juridiques.
Rachid EL HAHI
Chercheur et Coordonateur national des Associations Amazighs