L'Assemblée Mondiale Amazighe publie un communiqué sur la situation de l'Amazighe et des imazighen et une Déclaration relative à la tenue du septième assemblée générale qui se tiendra à Tiznit les 13, 14 et 15 décembre 2013.
Nous nous acheminons vers l'écoulement de trois années après le printemps des peuples de Tamazgha, accompagné d'espoirs et d'attentes de millions d'Amazighs pour des Etats démocratiques, qui reconnaissent tous les droits des amazighes, particulièrement les droits culturels et linguistiques, économiques, sociaux, civils et politiques. Mais, l'espoir du changement a déçu ; bien plus, plusieurs Etats d'Afrique du nord œuvrent pour l'instauration de nouvelles dictatures qui imposent la marginalisation, le racisme et la ségrégation contre les Amazighs. L'examen de l'évolution des droits des imazighen sur le pays Tamazgha est fort décevant, en ce qui concerne les différents états constitutifs de Tamazgha.Aussi, nous relevons et déclarons
aux opinions publiques amazighe et internationale ce qui suit :
Nous exprimons notre déception quant au recul de l'Etat et du gouvernement en ce qui concerne leurs engagements suite aux revendications du Mouvement de la jeunesse du vingt février 2011, notamment la reconnaissance, dans la constitution marocaine, de l'Amazighe en tant que langue officielle pour tous les marocains. En dépit du temps passé, les principes constitutionnels qui devaient être traduits sous forme de lois organiques, de décrets, arrêtés et circulaires d'applications n'ont pas encore vu le jour ; ce qui reporte aux calendes grecques les principes, règles et valeurs reconnues et consacrées par la constitution. A titre d'exemple, la loi organique devant consacrer le caractère officiel de la langue amazighe, ainsi que la loi organique devant préciser le droit à l'autonomie des régions dans le cadre de la « régionalisation avancée », ne sont même pas au stade de projets.
Exception faite de quelques déclarations politiques de forme, nous continuons à constater la perpétuation de la discrimination et de la ségrégation contre l'amazighité et les Amazighs au Maroc. De nombreux atermoiements sont rencontrés dans la mise en œuvre de l'officialisation de la langue amazighe, et ce durant plus de deux ans, ainsi que la permanence de l'interdiction des prénoms amazighes et l'interdiction de l'utilisation de l'amazighe, à l'écrit et à l'oral, au sein des différentes institutions de l'Etat marocain, dont le parlement. Ce dernier a publié, depuis plus d'une année, une décision interdisant de s'exprimer en amazighe. Nous constatons également l'absence d'évolution dans le dossier de l'apprentissage de l'amazighe, de son intégration dans les médias et la formation. Diverses promotions de diplômés en amazighe sont confinées au chômage. La ségrégation persiste en ce qui concerne le soutien de l'Etat au cinéma, à l'art, aux associations, aux journaux, à la culture et aux auteurs amazighs.
Nous dénonçons les groupes politiques qui continuent à mener des attaques médiatiques racistes contre les Amazighs, au lieu de contribuer à tourner des pages des décennies de répression et de ségrégation contre tout ce qui est amazigh au Maroc. Aussi, demandons nous l'adoption d'une discrimination positive au profit de la langue et de la culture amazighes comme compensation à plus d'un demi siècle de d'exclusion et de marginalisation.
A ce jour, le bilan du gouvernement en cours est négatif en ce qui concerne la question amazighe. En outre, durant le mandat de ce gouvernement, on a pu relever des décisions racistes, des pratiques ségrégationnistes et des répressions inédites contre les Amazighs.
Nous appelons tous les Amazighs du Maroc à prendre conscience de la dangerosité des changements qui surviennent au Maroc, en donnant la priorité à la reconnaissance effective de l'ensemble des droits reconnus par les pactes internationaux des droits de l'homme dont ceux culturels et linguistiques, en adhérant à l'initiative d'un million de signatures pour la mise en œuvre de l'officialisation de l'amazighe au Maroc. Nous en appelons aussi à la création d'une coalition amazighe forte avec les parties idoines pour affronter tous ceux qui s'érigent à l'encontre de l'équité vis-à-vis des Amazighs et de la légitimité de l'amazighité.
L'Assemblée Mondiale Amazighe dénonce l'option de ceux qui, au sein du Congrès National Libyen, œuvrent pour l'élaboration d'une constitution non démocratique qui exclut les Amazighs et qui institue le racisme et la ségrégation à l'encontre la langue, de la culture et des populations amazighes en consacrant les lois foncièrement discriminatoires promulguées par le régime déchu et qui considèrent la Libye comme étant un Etat « arabe » avec pour seule et unique langue « l'arabe », et ce en opposition avec la réalité libyenne caractérisée par la pluralité au même titre que tous les Etats de Tamazgha.
Nous réaffirmons notre soutien au Conseil Supérieur des Amazighs de Libye et à toutes les organisations amazighes de Libye qui œuvrent pour l'instauration des droits linguistiques et culturels amazighs en général et ce sans amputation. Nous appelons également les Amazighs de Libye, avec leurs différentes organisations et conseils locaux à l'union, en ce moment décisif de leur histoire, dans l'intérêt de tous les Amazighs de Libye et de tous les Libyens, en oeuvrant pour l'adoption d'une constitution démocratique élaborée avec le consentement de toutes les parties, en s'appuyant sur les principes démocratiques et les pactes internationaux des droits de l'homme et des peuples.
Nous saluons le respect du gouvernement tunisien quant au droit des Amazighs à donner des prénoms amazighs à leurs enfants. Mais, en revanche, nous dénonçons l'omission totale de la pluralité culturelle en Tunisie, dans le dialogue relatif à la constitution du pays, ainsi que le refus de la constitutionnalisation des instances amazighes.
Nous demandons au gouvernement et à l'Etat tunisien ainsi qu'aux différentes composantes politiques du pays de veiller au respect obligatoire des droits culturels, linguistiques, économiques, sociaux et politiques des Amazighs dans la future constitution du pays en évitant la reproduction d'un Etat arabiste raciste, à un moment où les mirages du nationalisme « arabe » agonisent.
Nous insistons sur notre soutien aux Amazighs de Tunisie, selon nos moyens, et nous appelons tous les Amazighs de Tamazgha à les soutenir et à œuvrer de façon à attirer l'attention des organisations régionales et internationales quant à leurs souffrances. Par ailleurs, nous nous réjouissons du travail militant des associations et des militants amazighs en Tunisie.
En ce qui concerne la garantie des droits des Amazighs touaregs, nous insistons sur la nécessité de création d'Etats démocratiques au Mali, au Niger et en Algérie qui assurent et garantissent le droit à l'autonomie du peuple touareg dans ces Etats.
Nous demandons une enquête en ce qui concerne les crimes commis par les armées malienne et française contre les citoyens touaregs et en appelons au soutien humanitaire nécessaire aux millions de réfugiés touaregs et autres dans les pays voisins, particulièrement la Mauritanie, le Burkina-Faso et le Niger.
Nous appelons le Mouvement National de Libération de l'Azawad à rester attentif et vigilant dans ses relations avec la France ainsi que certains régimes en Afrique du nord et dans le Sahel. De même que nous réaffirmons la nécessité de la prise en considération de l'intérêt supérieur de tous les touaregs ainsi que la mise en œuvre du droit à l'autonomie du peuple touareg, dans le respect de la déclaration universelle des droits des peuples autochtones et des autres instruments internationaux pertinents.
Nous relevons avec force regret que le régime algérien poursuit sa politique raciste envers les Amazighs dans toutes les régions du pays en dépit des changements qu'ont connu les pays de Tamazgha et nous dénonçons l'enseignement de forme de l'amazighe dans quelques régions uniquement d'Algérie. Nous dénonçons la non intégration effective de l'amazighe dans les médias et dans le reste des institutions de l'Etat algérien. En outre, nous condamnons l'interdiction des prénoms amazighs ainsi que le discours officiel visant une réglementation raciste de ces prénoms.
Nous appelons les Amazighs d'Algérie en Kabylie, au Mzab, et dans la Chaouia ainsi que les amazighes touaregs à coordonner leurs actions pour l'obtention de leurs droits légitimes et à œuvrer au renforcement de l'action militante amazighe tout en participant à toute initiative nationale pour la démocratisation du pays.
Nous nous réjouissons de l'action militante des Amazighs canariens dans le domaine de la revalorisation de la langue et de la culture amazighes ainsi que la campagne d'écriture en alphabet Tifinagh des enseignes.
Nous demandons au gouvernement espagnol de répondre aux revendications des Amazighs des Iles Canaries, de reconnaître l'amazighe comme langue officielle des Iles Canaries et d'œuvrer pour enseigner l'amazighe en caractère Tifinagh.
La diaspora amazighe hors Tamazgha, tout particulièrement celle résidant dans les pays démocratiques, est appelée à renforcer son adhésion à la cause amazighe, et se souder et à s'unir de façon à défendre ses droits légitimes ainsi que ceux des peuples de Tamazgha.
In fine, l'Assemblée Mondiale Amazighe, tout en rappelant les donnes, violations et manquements précités, constate l'absence de développement conséquent dans la réalité et le vécu quotidien des Amazighs dans les différents pays de Tamazgha (Afrique du nord) ; ce qui met les Amazighs devant de grands et décisifs défis qui entravent leurs droits, dans un contexte dangereux et historique qui coïncide avec la préparation à l'organisation du septième congrès des Amazighes du monde par l'Assemblée Mondiale Amazighe et qui aura lieu dans la région du Grand Souss , dans la ville de Tiznit, au Maroc, les 13-14 et 15 décembre 2013, correspondant à l'an 2963 du calendrier amazigh.
Le Bureau Confédéral de l'AMA