La réaction des islamistes et des panarabistes ne s’est pas faite attendre après la diffusion par la chaîne marocaine 2M, le dimanche 08 avril 2012, du film documentaire « Tinghir-Jérusalem : les échos du Mellah » de Kamal Hachkar, un franco-marocain, originaire de la ville de Tinghir.
D’après eux, le réalisateur aurait donné une fausse et mauvaise image de la population locale en la montrant comme prétendument partisane de la normalisation des relations avec l’Etat d’Israël par les liens entretenus avec les juifs amazighs originaires de Tinghir et vivant en Israël. C’est donc, nous dit-on, dans le but de corriger cette image supposée que plusieurs associations des droits de l’Homme et acteurs associatifs et politiques de la région du Sud-est marocain (Tinghir, Errachidia, Ouarzazate et Zagora) ont décidé de réagir en envisageant la création d’une organisation sous le nom « Alliance amazighe pour la Palestine » afin de rétablir, la « vraie image » de la population, cette image qui aurait été entachée, selon eux, par ce film-documentaire.
Créer une organisation pour soutenir les palestiniens est en soi légitime, ce qui l’est moins en revanche est d’utiliser la cause palestinienne comme fond de commerce médiatique et électoraliste ! La cause palestinienne a besoin de tous les ambassadeurs, mais certainement pas de faux et opportunistes ambassadeurs !
Par ailleurs, présenter la création de cette association comme étant une réponse à la diffusion d’un documentaire sur les juifs marocains et sur cette composante de l’identité marocaine reconnue dans la nouvelle constitution, ne fait que dévoiler le double discours des islamistes et leur politique de répartition des tâches. D’un côté, un gouvernement qui soigne son image au niveau national et international en présentant au monde un islam light et ouvert. De l’autre côté, leur bras prédicateur notamment le Mouvement Unicité et Réforme (MUR), avec le soutien des radicaux de Justice et Bienfaisance et les salafistes qui sont derrière « les comités populaires » qui sous couvert de prétextes divers et variés ne font que répandre dans les consciences et l’opinion publique une idéologie moins light et plus inquiétante. Ces comités qui ont vu le jour dernièrement dans plusieurs villes marocaines ont pour but d’imposer les dogmes religieux en intervenant dans la sphère privée des individus, chose que le gouvernement n’a pas pu faire par crainte de s’attirer des ennuis auprès d’une population asphyxiée. Ce que le politique ne peut faire, le religieux, plus discret et plus sournois, s’en occupe.
A Tinghir, le divorce entre la population locale et les islamistes est consommé. Ces derniers ont démontré leur incompétence dans la gestion des affaires publiques d’une ville qui manque de tout. Même pas un hôpital digne de ce nom ! Une ville dont la population baigne dans des eaux usées en raison de fuites dans les canaux d’assainissement. Une zone de non-droit marquée par de violents affrontements entre tribus au sujet des terres collectives. Un climat de violence et d’insécurité qui n’a pas l’air d’émouvoir les autorités. Une ville au bord du chaos, avec des manifestions quotidiennes, des marches de contestation, des barrages routiers. Sans oublier le cas d’Imider qui oppose depuis des années les habitants de ce petit village à la holding royal ONA. Où est-il le soutien des islamistes dans ce petit village ? Rien si ce n’est un médiocre article polémique du député du PJD s’en prenant à Ahmed Assid après son appel à « Sauver Imider ».
Pour camoufler leur échec, ces islamistes et quelques orphelins de l’idéologie panarabiste n’ont pas trouvé d’autre discours que de nous sortir leur vieille rengaine en prenant cette fois pour cible un simple film documentaire. Un film de mémoire et de tolérance qui a reçu un bon accueil non seulement auprès de la population marocaine et des tinghiriens en particulier mais bien au-delà des frontières nationales. Le choix du sujet, la spontanéité et la simplicité de ses personnages sont entre autres les raisons de son succès.
Hamid Belkassem