L'image a fait le tour du monde : l’étendard amazigh flottant au vent dans Tripoli libéré! L'émotion fut à la mesure de la surprise. Le régime qui a le plus durement réprimé les Amazighs, au point de châtier l'usage de leur langue même dans ...la vie privée, a fini par s'écrouler. On avait du mal à y croire. Comme si le monde avait fini par admettre comme une fatalité la victoire du panarabisme triomphant. Comme si, au fond, l’idéologie du Livre vert avait réussi jusqu’à faire oublier une réalité historique millénaire à laquelle renvoie pourtant, depuis Hérodote, le nom même du pays, Libye, qui fut celui d’une tribu berbère.
Certes, l'espoir soulevé par la chute du dictateur libyen fut suivi par des épisodes moins heureux : la spoliation de la victoire des Amazighs de l’Adrar Nefoussa par les légionnaires du djihad, soutenus par l’Occident ! Mais la symbolique des moments premiers, de ce drapeau hissé sur les ruines encore fumantes du kadhafisme, qui n’a pas fini de travailler les esprits n’en pèsera pas moins sur le devenir du sous-continent nord-africain.
De voir les combattants amazighs libyens arborer le drapeau de notre identité commune, symbolisant la liberté retrouvée, est un moment de victoire commune. Une victoire qui s'inscrit dans le droit fil du printemps amazigh de 1980 et des autres jalons du combat des Amazighs pour le recouvrement de leur être brimé par le diktat d’un panarabisme cynique.
La célébration du Printemps amazigh qui avait, en 1980, défié l'emprise du Parti unique en Algérie est depuis longtemps versé au patrimoine commun de tous les Amazighs en lutte pour leurs droits. Tous le revendiquent à raison.
Dans cet esprit, la célébration du 32ème Printemps amazigh doit être dédiée à nos sœurs et frères amazighs libyens qui ont donné raison au poète berbère qui écrivait il y a plus de cinquante ans
Mais on peut affamer les corps
On peut battre les volontés
Mater la fierté la plus dure sur l'enclume du mépris
On ne peut assécher les sources profondes où l'âme orpheline par mille radicelles invisibles suce le lait de la liberté.
Traduit en termes politiques, on peut dire que la culture amazighe est aussi ce « lait de la liberté » chanté par le poète. Pour rappel, c’est dans le sillage du Mouvement culturel amazigh qu’est née la première Ligue des Droits de l’Homme en Algérie dont les militants amazighs ont porté le projet. Au Maroc, en Algérie comme en Libye ou en Tunisie, partout l’amazighité apparaît comme la seule alternative populaire au salafisme. Alors même que l’Occident, qui a largement contribué à faire tomber les dictateurs arabes, semble résigné à accepter l’instauration de la chariaa dans ces contrées. Tandis qu’ailleurs, dans le Sahara, les Touaregs mènent la lutte de la dernière chance.
Ce Printemps pour Tripoli, offrons-le à nos sœurs et nos frères amazighs de Libye.
Ce Printemps pour Tripoli, prenons-le comme le signal du renouveau de notre combat à tous, un nouvel élan qui tisse de nouvelles solidarités, apporte d’autres repères et ouvre sur des horizons prometteurs.
Ce Printemps pour Tripoli, adressons-le comme un appel pressant aux instances internationales, et singulièrement l’OTAN, qui se sont impliquées dans le renversement de Kadhafi, pour empêcher l’avènement d’un système liberticide qui ferait regretter l’ancien dictateur. La volonté de l’Occident de contrôler le flux des robinets de pétrole n’autorise pas à sacrifier le peuple libyen.
Tamazight ne veut pas mourir.
à la Bourse du Travail de Saint-Denis
11 rue Génin 93200 Saint-Denis - M°Saint-Denis Porte de Paris
Avec la participation d'Amazighs de
Libye, Tunisie, Algérie, Maroc et du pays Touareg (Azawad)
Projection de films et animations artistique
Le Collectif Un Printemps pour Tripoli
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