Depuis de nombreux mois, les populations civiles des régions amazighophones marginalisées du Maroc (Ait-Baamran, sud-est, massif montagneux de l’Atlas et le Rif), organisent diverses actions pacifiques de protestation contre la marginalisation socioéconomique et culturelle, les discriminations, les abus de pouvoir et la corruption qu’elles subissent depuis des décennies.
A Ait-Bouayach, province d’El-Hocima, dans la région du Rif (nord du Maroc), les citoyens maintiennent depuis trois mois, un sit-in permanent devant l’Office National de l’électricité et la municipalité, pour attirer l’attention des autorités sur la cherté de l’électricité et de l’eau et les injustices sociales qui accablent particulièrement les jeunes. Le silence et l’indifférence ont été la seule réponse des autorités marocaines.
Le 2 mars 2012, la gendarmerie marocaine a procédé à l’arrestation de Bachir Benchaib, un militant du mouvement de protestation de Ait-Bouayach. Le 5 mars, des citoyens de cette localité décident d’organiser une marche vers la ville de El-Hocima, chef lieu de la province, afin de réclamer la libération du militant arrêté. Un important dispositif policier leur a barré la route à l’entrée de la ville. Dès le lendemain, des manifestations populaires ont lieu dans différentes localités de la région d’El-Hocima pour exiger la libération du jeune homme. Le jeudi 8 mars, en pleine nuit, des forces anti-émeutes composées de plusieurs centaines d’éléments, ont subitement envahi la localité de Ait-Bouayach où elles ont agit avec une rare brutalité contre les personnes et les biens : magasins saccagés et pillés, domiciles violés et leurs habitants insultés et humiliés et un grand nombre de personnes sauvagement frappées et arrêtées. Le lendemain, au fur et à mesure que la nouvelle des violences à Ait-Bouayach se propageait, les citoyens des autres localités se révoltaient en manifestant leur colère dans les rues de Imzouren, El-Hocima et Boukidaren. A chaque fois, les forces policières étaient présentes en grand nombre et chargeaient les manifestants avec la même cruauté, utilisant des bâtons cloutés, des barres de fer et des dizaines de bombes lacrymogènes de manière abusive. Et lorsque les victimes de ces violences se rendaient à l’hôpital pour se soigner, elles étaient immédiatement arrêtées, même les enfants. A Boukidaren, dans la nuit du 13 mars, les éléments des forces auxiliaires ont également détruit et pillé de nombreux biens privés (maisons, boutiques, cafés, restaurants) et volé de l’argent et des biens qui se trouvaient dans ces locaux.
La situation reste très tendue, avec un mouvement de protestation qui risque de s’étendre rapidement à d’autres villes et villages de la région. Jusqu’à ce jour, aucun responsable politique ne s’est montré, laissant entièrement l’initiative à la force policière qui est intervenue de manière féroce, provocatrice et entièrement disproportionnée.
Le Congrès Mondial Amazigh (CMA) condamne avec vigueur les violences et les actes illégaux et injustifiés dont se sont rendues coupables les autorités de police marocaine. Le CMA exprime sa totale solidarité avec les populations du Rif et exige :
Paris, le 2/03/2962 - 14/03/2012
Le Bureau du CMA