Dans le cadre de ses actions militantes pour soutenir les détenus de Taghejjijt du 1 janvier 2010, l’organisation Tamaynut – Maroc organisa le samedi, 17 janvier une plaidoirie symbolique (non juridique) au complexe Mohamed Jamal Edhorra à Dakhla – Agadir. L’objectif est de clarifier le non fondement d’une accusation appelée pour la première fois dans l’histoire de la Justice au Maroc « Incitation au racisme (article 38-39 de la loi de la presse) pour accuser les défenseurs de la culture amazighe. Pour ce fait, les intervenants ont mis l’accent non sur le jugement absurde du tribunal du première instance d’Agoulmim (Sud du Maroc), mais plutôt sur le danger qu’une telle accusation peut avoir sur les Libertés publiques et notamment celle concernant toute expression revendiquant les droits amazighs.
Devant plus de 150 personnes, Abdallah Sabri, choisi pour jouer le rôle du président du Tribunal, inaugura la séance et appela la défense qui se compose des avocats : Said Zarzar, Ahmed Berchil, Mohamed Jaafari et Mirouch avant d’inviter les témoins, Sadiq Rachid, Hassan Bousmen et Elhassan Couich.
Après avoir donné la parole au maître Nour Eddin Khalil pour exposer les faits et les accusations, le président du tribunal donna la parole aux témoins pour expliquer le contexte de leur action, son évolution et la chronologie des événements et enfin l’intervention des forces de l’ordre pour disperser les manifestants.
Avant de développer leur plaidoirie, et pour remettre en cause les accusations avancées contre les détenus, les avocats demandèrent d’abord au tribunal d’inviter un expert en matière de l’histoire du Maroc pour définir les mots comme Makhzen, Panarabisme, Makhzen panarabiste… Cette mission fut confiée à monsieur Abdelouahab Bouchtart qui a défini chaque mots en expliquant le contexte de son émergence et l’évolution que son sens a connu selon les périodes historiques. Suite à quoi, les avocats ont pris la parole pour expliquer que les accusations avancées contre les détenus ne sont pas fondées de point de vu juridique. Ils ont aussi mis le point sur les conséquences d’une telle accusation basée sur l’article 38-39 de la loi de la presse au sujet de l’incitation au racisme sur les militants activistes du mouvement amazigh. Ceci dit, dorénavant, tout militant revendiquant la reconnaissance des droits amazighs peut être accusé d’inciter au racisme et, de ce fait, se traduit automatiquement devant la Justice.
Etant donné que ce procès contre les étudiants et manifestants de Taghejjijt est unique au niveau de la nature de l’accusation avancée et, vu qu’il peut instaurer une règle et une référence juridique pour d’autres arrestations des militants amazighs, l’organisation Tamaynut, après avoir débattu tous les aspects de ce procès, publie un communiqué qui :
1 ) Dénonce :
- Les arrestations arbitraires des étudiants et manifestants de Taghejjijt.
- L’approche sécuritaire de l’Etat marocain envers les revendications du mouvement amazigh.
- Les poursuites des militants amazighs et d’autres militants des associations de la Société civile.
2 ) Revendique :
- La libération des détenus et le rejet des accusations dont ils sont victimes.
- L’Etat marocain à revoir son approche sécuritaire envers toute revendication amazighe.
- L’arrêt des poursuites à l’encontre des militants de Taghejjijt et la cesse du sentiment de l’insécurité et de peur que l’Etat marocain impose aux habitants de Taghejjijt.
Ecrit par Amazighnews
(A partir d’un rapport rédigé en arabe par Tamaynut-Maroc)