L'Alliance des écrivains en amazighe -Tirra- a organisé sa première rencontre littéraire le 31 octobre dernier au musée du patrimoine amazighe d'Agadir. Y ont assisté un grand nombre de créateurs, d'écrivains, de critiques et de personnes intéressées par les questions inhérentes généralement à la littérature et à la culture amazighes. La séance a été présidée par le jeune romancier Abdallah Sabri qui, après une brève allocution d'accueil a donné la parole au secrétaire général de Tirra, Abdelwahhab Bouchtart, pour présenter les objectifs du nouveau cadre associatif et le riche plan d'action prévu pour l'année en cours.
Ensuite, la parole a été cédée aux intervenants venus essentiellement pour exposer de manière plutôt générale à propos du fruit de plus de trois décennies d'histoire de l'écriture en amazighe au Maroc. Ainsi, le président de l'Alliance, Mohamed Akounad, a ouvert le bal par un aperçu succinct sur le passé de l’écriture en langue amazighe étayant son propos par des indices attestant l’existence du rapport incontestablement séculaire qu’avaient les amazighes avec la pratique scripturale. Il a, par ailleurs, évoqué une kyrielle d’anciens penseurs amazighes qui, en dépit de leur apport indéniable à la pensée universelles et à la civilisation méditerranéenne, ont été souvent oubliés. L’auteur a mis en exergue le travail de recherche mené par le professeur Abdeslam Benmis intitulé « Manifestations de la pensée rationnelle dans la culture amazighe ancienne ».
Quant au professeur Mohamed Oussous, il a présenté de manière compendieuse l’expérience de la poésie amazighe moderne amorcée par la publication du premier recueil amazighe pour ensuite présenter un répertoire exhaustif des recueils poétiques édités tant au Sud marocain qu’au Rif qu’au Moyen Atlas. Enfin, il opéré une comparaison quantitative de ces œuvres selon leur région d’appartenance et a émis des remarques générales sur la présence féminines et sur le rôle qu’ont joué les sites internet et la presse écrite amazighe dans cette dynamique littéraire.
La communication du professeur Lahoucine Zahor a abordé l’écriture de la narration amazighe en classant les auteurs de ce genre en plusieurs courants, eu égard à la disproportion de leurs production et à la variation de leurs sources d’inspiration. Ce qui a été une occasion pour l’intervenant de présenter bon nombre de travaux réalisées aussi bien en tant que traduction ou pure création.
Enfin, le professeur Abdelwahhab Bouchtart a fermé la marche par un exposé focalisé sur le cumul qu’a connu la traduction en amazighe. Il a ainsi procédé à une classification des travaux effectués selon la catégorie à laquelle ils se rapportent, soit au domaine religieux telles les œuvres de Lahoucine Jouhadi dans « Traduction des sens du Coran », « Hadith Al Boukhari », « Hadith Al Qodsi » et « Biographie du prophète » soit au domaine des droits humains et de la juridiction telles quelques traductions relatives à la déclaration des droits de l’homme, au code de la famille ou à la déclaration sur les droits des peuples autochtones soit enfin au domaine littéraire. L’intervenant a achevé son propos par une série de remarques portant notamment sur la langue de la traduction et l’absence d’ouvrages de référence spécialisés et fonctionnels.
Les communications ont été suivies par des questions posées par l’assistance générant un débat intéressant qui a enrichi les informations, les idées et les problématiques soulevées lors la table ronde couronnée en définitive par une importante exposition des derniers nés parmi les ouvrages littéraires amazighe parus depuis au moins deux ans.
Lahcen Nachef