La production musicale est l’un des modules socioculturels par lesquels une communauté s’organise à travers ce qu’elle encode dans ses différentes formes, genres et discours comme valeurs codées qui deviennent des moyens de communication, d’auto identification et de mobilisation par conséquent. Dès le début des années 70s du siècle dernier, la scène musicale marocaine a connu l’émergence de ces formes connues par la suite par le générique de "Groupes musicaux" (Nas Al-Ghiwan, Ousman, Izenzar, Jil Jilala, etc.).
Ces développements de la scène musicale ont correspondu dans le temps à un contexte sociopolitique particulier et en servi de formes d’expression d’organisation symbolique sociale et de mobilisation. Ces changements continuent encore aujourd’hui avec la parution des groupes dits "Musique du boulevard" ou musique de la "Nouvelle scène". Ces changements sont liés à chaque fois aux mutations internationales en matière d’idiologie et de développement des médias d’une part, mais aussi aux à la succession des générations et à l’évolution des structures et des équilibres sociologiques, économiques et politiques sur le plan national avec tout ce que cela implique au niveau de la participation dans la gestion de la responsabilité et de la répartition des biens matériels et symbolique sur les pans économiques, politiques, intellectuels et artistiques. Ils sont également liés aux rapports qui existent entre la participation sociales d’une part et les équilibres régionaux et identitaires d’autre part, ainsi qu’aux rapports entre ville et campagne et aux développements des grandes métropoles suite à l’exode rurale et à l’émigration en général.
Il est à remarquer par exemple en ce qui concerne ces évolutions sociologiques telles qu’elles se répercutent sur le plan des développements des formes musicales depuis le début du tournant de cette époque, que l’élément féminin, jadis présent au moins à travers le chœur dans les formations des rways (amazighophones) et des chanteurs (arabophones), est complètement absent des formations des nouveaux groupes musicaux. Il a par contre fait son apparition notable en se frayant le chemin de vedettariat individuel soit via un leadership d’une formation musicale soit via un vedettariat d’orchestres.
Quelles sont donc les caractéristiques qui caractérisent l’expérience des nouveaux groupes musicaux en ce qui concerne leur contexte d’apparition, leurs structures (structuration du groupe et distribution des rôles), leur organisation (contact avec le public, production et distribution), leur art (mélodie, rythmes et instruments), leur discours (source des paroles et leur contenu) et quelles sont les significations de toutes ces caractéristiques ?
C’est là un spécimen de la batterie de questions que la sixième édition des rencontres Musiques Amazighes et Musiques du Monde qui se tient dans le cadre du Festival Timitar-6 (1-5 juillet 2009) se propose de soulever en examinant plus précisément l’expérience du groupe musical Izenzaren et son rôle précurseur dans le développement de la musique amazighe en particulier et la musique marocaine en général. Il ne s’agit pas d’entrer dans l’historique des détails structuraux internes du groupe. Il s’agit plutôt de détecter les caractéristiques générales ainsi que les spécificités artistiques de ce groupe ainsi que les significations sociologiques et ethnomusicologiques de ces caractéristiques et spécificités dans l’optique du type de questions soulevées plus haut. La focalisation mise sur l’expérience du groupe en soi, n’empêche pas pour autant d’envisager une approche dans le cadre de son contexte social et historique général du groupe.
Mohamed Elmedlaoui (IURS - Rabat)
Directeur scientifique du colloque
Colloque - (Agadir, Salle de la wilaya, 01 juillet 2009 à 09h)
08H30 : Accueil
09H00 : ouverture des travaux du colloque
Matinée, de 09H00 à 13H00 :
Mohamed Elmedlaoui
Chercheur en linguistique et en culture amazighe, Rabat
«Pourquoi le groupe Izenzar comme thème de "Musiques Amazighes et Musiques du Monde" ?»
Musicologie, scènologie et organologie
Modération: Ahmed Sabir
Ahmed Aydoun
(Chercheur en musicologie - Rabat
«Tradition et modernité dans la musique amazighe, un rapport mitigé, l'expérience d'Izenzaren »
Mohamed El Idrissi
Chercheur en musicologie; conservatoire d’Agadir
«Interaction entre l’expérience des Izenzaren et la musique des rways du Sous»
Zohra Makach
Enseignant chercheur et dramaturge ; FLSH-Agadir
«Izezaren et la scène»
Lahcen Hira
Enseignant chercheur en anthropologie ; FLSH-Mohammedia
«Taznzart : Rénovation des instruments de musique »
Ethnomusicologie et anthropologie
Modération : Abdellah Baida
Ahmed Sabir
Enseignant chercher sur le patrimoine ; doyen de la FLSH-Agadir
«Izenzaren; le défi du retour»
Ahmed Assid
Chercheur en histoire des idées et en culture amazighe; IRCAM
«Izenzaren ; le contexte et les dimensions du phénomène »
El Khatir Aboulkacem-Afulay
Chercheur en anthropologie culturelle ; IRCAM
«A propos de l’émergence de la troupe Izenzaren ; contextes scoculturels»
Said Azeroual
Chercheur en culture amazighe - Agadir
L’émergence du phénomène amazigh de "tazenzart"
13H30 : déjeuner
Après midi, de 15H00 à 18H00
Sémiologie et sémiotique des paroles
Modération: Ahmed Assid
Abdellah Baida
Enseignant chercheur en littérature ; ENS-Rabat
«Izenzaren: une parole au-delà du Sud (Etude des paroles de quelques chansons d'Izenzaren)»
Mohammed Khattabi
Enseignant chercheur en littérature et en culture amazighe; FLSH-Agadir
«Izenzaren; action et réaction dans le contexte national et international»
Mohamed Khattaby
Poète amazighe et président du bureau régional du Syndicat Marocain des Profession Musicales - Agadir
«La question d’engagement chez les groupes musicaux amazighs ; le cas des Izenzaren»
Mohamed Moustaoui
Poète amazighe et chercheur en culture amazighe
«Le groupe Izenzaren ; entre conformisme au dépassement»