Depuis belle lurette, l’on attendait, ardemment, un livre -un vrai bien sûr- sur le style de tazenzarte. Azerwal, Kikch Saïd de son vrai nom, a eu l’insigne honneur de lui donner la vie. Pour notre plus grand bonheur. Car, comme nous tous, ce jeune chercheur est de cette génération chanceuse qui a été généreusement bercée et nourrie par les légendaires troupes de ce style on ne peut plus amazigh. Lesquelles, répétons-le, méritent plus qu’un livre. Tellement elles sont incroyablement talentueuses.
En tous les cas, Azerwal a certainement fait sienne cette idée que les Amazighs ont l’impérieux devoir de parler, le plus souvent possible, des leurs et de leur culture. Espérons juste que son initiative fera des émules, beaucoup d’émules ! Car Dieu seul sait que le domaine amazigh est en friche et mérite incessamment d’être défriché ! Surtout que l’on est systématiquement abusé, déçu voire blessé de constater qu’à chaque fois que c’est un étranger qui fait un travail sur nous, c’est toujours, au mieux, vitement bâclé, au pire, ouvertement tendancieux. Sauf quelques très, très rares petites insignifiantes exceptions.
Pour rester dans le vif du sujet, ce 1er tome du livre compte 300 pages et est écrit entièrement en arabe. Il porte ce titre on ne peut plus sobre : « le style de tazenzarte dans la chanson amazighe ». D’emblée, l’auteur met les points sur les « i ». Et de quelle manière ! En fin connaisseur de l’histoire de cette musique- il en connaît personnellement les acteurs qu’ils soient connus ou inconnus-, il a prouvé, doctement et magistralement, qu’elle n’a absolument rien à voir avec Nass-El-Ghiwan ou je ne sais quelle autre influence arabe. Une injuste et horrible idée que certains forts en gueule cherchent, contre toute logique, à accréditer. Par ignorance bien évidemment, mais plus souvent par mauvaise foi. Tellement le mépris des Amazighs est ancré dans les abysses les plus profonds de leur « moi ».
Toujours est-il que sur les douze chapitres de ce 1er tome du livre, l’auteur nous invite à un voyage des plus instructifs dans le monde merveilleux de tazenzarte. Il faut juste se laisser guider. Sans trop de résistance. D’ailleurs, on en apprend énormément sur ce style musical. À en croire l’auteur, il est plus ancien que l’on peut bien imaginer. Ses premiers balbutiements datent de l’aube des années…60. Il faut vraiment le croire ! Car ce n’est pas les preuves qui manquent. En fait, les précurseurs étaient de parfaits inconnus jusqu’à alors. Imourigen pour les nommer. Une troupe originaire, naturellement, de la pépinière des artistes et des talents, la fameuse bourgade soussie, Dcheira.
Pour ne pas être trop long, le but ultime d’Azerwal est de démontrer que le tazenzarte n’est pas né du néant ou grâce à un coup de baguette magique d’une quelconque influence exogène. Il est le produit des plus typiques du génie musical des « hommes libres ». Bien naturellement, en interaction étroite avec les métamorphoses, parfois radicales, de leur propre société. Notre auteur a mille fois raison d’insister sur cette vérité plus que palpable. Mais que le lecteur se rassure, dans le livre, il n’y a pas que cela. Comme on ne peut pas se permettre de tout résumer ici. Pour en apprendre davantage, il n’y pas mieux que de le lire. Le plus vite sera le mieux.
Lahsen Oulhadj
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