Aujourd'hui, jeudi 30 octobre 2008, 40 militants amazighs du Maroc sont bloqués à l’aéroport d’Alger depuis l’après midi du mercredi 29. Les autorités algériennes refusent, contrairement à la loi levant le visa entre les deux pays, de les autoriser à rejoindre d’autres militants amazighs de l’Algérie pour participer aux assises du 5ème Congrès Mondial Amazigh prévu à Tizi Ouzzou entre le 30 octobre et le 2 novembre 2008.
Aujourd’hui, 15 autres représentants des associations amazighes marocaines sont attendus à les rejoindre.
De l’autre côté de l’aéroport, des militants amazighs (Kabyles) sont venus les accueillir. Hélas, la rencontre est impossible. Entre les deux espaces, les différentes forces de l’ordre et un arsenal militaire encerclent l’aéroport et empêchent les Amazighs des deux Etats à se rencontrer. A Tizi Ouzzou, selon des sources proches, le siège des Arouches, qui abritera les travaux est, lui aussi, encerclé par les forces de l’ordre pour contrôler une centaine d’associations amazighes, (Kabyles, Mozabites, Chaouies, Touareges…) qui prendront part à cet événement. Le rôle des autorités est de ‘’feuiller’’ minutieusement les participants pour éviter tout ‘’infiltration’’ des Amazighs venus du Maroc.
Sur le halle de l’aéroport, l’ambassadeur du Maroc à Alger, s’est déplacé personnellement pour trouver une issue à cette crise. Il a essayé de faire convaincre les Amazighs du Maroc de retourner dans leur pays dans un avion affrété par les autorités Algériennes, mais les Amazighs du Maroc tiennent à leur droit d’entrer en Algérie. Depuis la levée de l'obligation de visa, la libre circulation des citoyens entre les deux Etats est garantie. Mais, bizarrement, ce n’est pas le cas pour les Amazighs. Devant l’absence de toute souplesse de la part de l’Algérie, les congressistes bloqués décident d’entrer dans une grève de faim pour avoir leur droit d’entrer sur le sol algérien. En même temps, ils décident d’organiser un mini-congrès à l’aéroport, en parallèle avec celui organisé à Tizi Ouzzou.
En toute harmonie avec le congrès de Tizi Ouzzou, les participants de ce mini-congrès de l’aéroport ont mis en place un ordre du jour qui contient la discussion des statuts et l’élection des membres du Conseil fédéral du Maroc. Ces derniers se composent de 15 membres dont Ibrahim Outalat comme président. La nouvelle composition du CMA est dirigée par trois présidents, un de l’Algérie, le deuxième du Maroc et le troisième représente la Diaspora. Les membres du Conseil fédéral du Maroc, qui sont revenu, ce soir à l’aéroport de Casablanca, organiseront une conférence de presse pour expliquer les conditions de leurs ‘’détentions’’ en Algérie et les nouvelles perspectives du CMA.
En réalité, les gens bloqués à l’aéroport appliquent à la lettre les décisions prises lors du Conseil fédéral du CMA à Meknès. Ce dernier a décidé et à l’unanimité d’organiser le 5ème Congrès de cette ONG en Kabylie avec ou sans autorisation. Si l’Algérie, accepte d’accueillir toute sorte de Congrès internationales, panarabiste, islamiste, africain, euro-méditerranéen… il n’est pas du tout prédisposé à voir les Amazighs du Maroc de rencontrer les Amazighs d’Algérie. De leur côté, l’insistance des Amazighs venus du Maroc à rester à l’aéroport d’Alger marque un tournant symbolique dans l’histoire de la lutte des Amazighs. Ces derniers subissent, pendant des années, les effets des frontières étatiques mises en place après la décolonisation des Etats nord africains. Il relancera le débat sur le rôle de la société civile en général et amazighe en particulier pour défier les choix politiques des Etats au profit de l’amitié et la fraternité des peuples.
Après cette réunion, qu’on peut désormais appeler ‘’le Congrès de l’aéroport’’, le débat doit dépasser la discussion stérile autour de la légitimité du CMA pour embrasser d’autres horizons et réfléchir aux nouvelles méthodes pour que cette ONG internationale garde son indépendance et arrive à mettre en place ce que les Etats, à cause de leurs conflits politiques, n’arrivent pas à réaliser.