Après les différentes déclarations émanant de plusieurs acteurs du mouvement amazigh au niveau de l'Afrique du nord et qui mettent en avant le désaccord existant autour du lieu de la tenue des 5ème assises du Congrès mondial amazigh, l'organisation Tamaynut et la Confédération des associations amazighes du Sud du Maroc Tamunt n Iffus prennent l'initiative d'organiser une rencontre internationale les 11 et 12 octobre 2008 à Agadir pour rapprocher les différentes positions en vue de bien réussir le prochain congrès qui aura lieu fin octobre et début novembre 2008.
Plusieurs acteurs associatifs membres du CMA de tout l'Afrique du nord
sont attendus pour débattre toutes les problématiques liées au
fonctionnement du CMA et à sa stratégie d'avenir. Dans ce sens, une
plate-forme est élaborée par les organisateurs pour le bon déroulement
de la réunion.
Plate-forme d’Agadir sur la conciliation et la médiation . En Préparation du 5ème Congrès du CMA
I -Le contexte :
L’organisation Tamaynut et la Confédération Tamunt n Iffus avaient lancé un appel, le 19 septembre 2008, à toutes les composantes du CMA en vue de faire valoir les vertus du dialogue face aux derniers événements qui risquent d’éclater notre organisation. Une rencontre de conciliation et de médiation a été proposée, laquelle proposition a été accueillie favorablement par l’ensemble des composantes du CMA, et essentiellement par les composantes dont les positions divergent
Via cet appel, un rappel au moi, l’autre et à l’ensemble des composantes du CMA a été fait. L’élite amazighe peut se permettre le luxe de la rhétorique et de la concurrence des aspirations individuelles et collectives, mais les peuples amazighs à travers Tamazgha et les populations amazighes dans la diaspora n’ont pas le temps et n’ont aucun intérêt à comprendre l’origine de la discorde et des désaccords entre frères et sœurs de l’élite amazighe. Dans les montagnes comme dans les plaines et le désert, le peuple qui souffre n’a pas le temps pour partager le luxe de l’examen de la légitimité et de la légalité des positions des uns et des autres. Les peuples amazighs qui souffrent auront certainement le sentiment qu’ils ont été trahis par leurs élites. Après l’espoir, d’être relié malgré les frontières, enrichi par la création du CMA en 1995. C’est la déception qui prendra place, surtout dans la conjoncture actuelle marquée essentiellement par une recrudescence des politiques de marginalisation, de mépris et de l’exclusion dans le nord de Tamazgha et une reprise du génocide au sud, essentiellement au Niger et au Mali.
Comme nous l’avons souligné dans le communiqué du 19 septembre dernier, le CMA est le capital commun et la propriété collective partagée par tous ceux qui ont comme dénominateur commun, l’espoir noble de vivre libre dans notre patrie Tamazgha dont la jouissance de tous nos droits individuels et collectifs. De ce fait, aucune composante ne peut se prévaloir le monopole de l’organisation, une telle manoeuvre ne serait qu’usurpation et abus de la confiance des autres composantes et des fondateurs qui ont peiné pour créer notre réseau.
Au-delà des conflits des aspirations individuelles et collectives, la situation actuelle est le produit de la combinaison de plusieurs facteurs dont on cite :
1. Le report systématique de la résolution des problématiques fondamentales comme l’identité du CMA qui est approchée différemment par chacune de ses composantes, la gestion de la démocratie interne, les mesures d’atténuation de l’impact sur le CMA des désaccords entre ses composantes appartenant au même pays, et les outils de gestion des situations de conflits des priorités, compte tenu des situations différentes au niveau de chacun des pays de Tamazgha.
2. Les schémas d’émiettement du CMA qui circulent, chaque fois que les gouvernements sentent que leurs intérêts sont menacés, c’est le cas depuis le congrès de Tafira. En effet, le plaidoyer international amazigh rappelle chaque fois qu’il est nécessaire, que les Etats de Tamazgha ont des engagements à honorer à l’égard des peuples amazighs et à l’égard des accords, traités et autres instruments qu’ils ont signés et ratifiés. De ce fait c’est l’internationalisation de la cause amazighe, à laquelle participe le CMA, aux cotés des autres organisations amazighes, qui est dans le collimateur de ceux qui tirent les ficelles et dessinent les schémas de l’émiettement et de l’éclatement de notre réseau.
La recherche des solutions à la crise actuelle doit, pédagogiquement, s’attaquer aux racines du mal et non pas aux symptômes. Il ne suffit pas de se mettre d’accord sur le lieu d’organiser le prochain congrès, ni de résoudre les désaccords personnels entre certains membres des instances, il est impératif d’ouvrir le grand chantier de la réflexion autour des problématiques systématiquement reportées mentionnées ci-dessus.
II -L’enjeu :
Le véritable enjeu est celui « d’être ou ne pas être » :
Être, c’est ensemble dans le cadre d’une synergie et un travail de groupe ou chaque membre peut s’épanouir et s’enrichir de la richesse CMA. Être c’est aussi pouvoir échanger, diverger et converger sans que nos liens se détachent.
Être, c’est savoir écouter les souffrances des nôtres dans le désert, les montagnes et les plaines, et savoir chercher les solutions à leurs souffrances.
Être, c’est être digne, autonome, libre. C’est oser reconnaître que chacun parmi nous est responsable d’une manière ou d’une autre de la crise actuelle, c’est oser admettre qu’il n’y a pas de vérité absolue et que tout est relatif.
Être c’est tout simplement, être en désaccord avec son frère ou sa sœur amazigh sans le (la) haïr. On ne peut pas être ensemble dans la haine et la rancune, on ne peut être ensemble qu’en s’aimant.
Ne pas être, c’est tout simplement ne rien faire pour éviter l’éclatement du CMA. C’est être incapable d’être flexible et de faire des concessions, c’est se contenter de regarder le bout de son nez, alors que la vérité est ailleurs.
Ne pas être c’est trahir les peuples et les populations amazighes là où ils sont.
III -L’essentiel :
D’ici l’ultime date du 31 octobre, l’essentielle est d’éviter tout éclatement du CMA corollaire de l’organisation de deux congrès, et la recherche de la conciliation entre toutes ses composantes et membres des structures en désaccord. Et cela ne peut être possible que dans la flexibilité et l’abnégation, et en admettant que les intérêts de Tamazight et des peuples amazighs, priment sur tout autre considération.
Dans le très cours terme, l’objectif est de réunir les conditions propices à l’ouverture du chantier de réflexion autour de deux questions essentielles:
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La recherche de solutions aux problématiques systématiquement reportées à savoir, l’identité du CMA, la gestion de la démocratie interne, les outils et instruments de gestion de situations de conflits.
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La recherche des stratégies à mettre en œuvre pour le renforcement du CMA ;
IV -L’objectif de la rencontre d’Agadir :
L’objectif est celui de converger vers une feuille de route, qui prendra en considération ce qui suit :
1. Les décisions des instances du CMA, c’est-à-dire le Congrès de Nador, le Conseil Fédéral et le bureau mondial ;
2. Les réalités sur le terrain, compte tenu de l’investissement met en œuvre en temps, en énergies, aspirations et espoirs, que ce soit en Kabylie ou à Meknés ;
3. Focaliser plus sur les questions d’ordre stratégiques et sur celles systématiquement reportées, à l’occasion de l’établissement de la feuille de route ;
4. Accorder plus d’importance aux mesures pouvant contribuer à éviter tout éclatement du CMA, pourvus qu’elles nous éclairent le chemin indépendamment de tout autre considération, et faire preuve de flexibilité à l’occasion de l’interprétation, soit du statut soit des décisions des instances ;
5. Aboutir à une situation ou Tamazight et le CMA s’en sortent gagnants. Une situation ou chacune des composantes est gagnante, puisqu’elle a contribué à l’atteindre.
6. Résoudre nos différents selon les principes de tolérance et de respect portés par notre culture amazigh, tout en s’inspirant des nouvelles approches et pratiques de résolution des conflits.
En préparation des assises de la conciliation et de médiation à Agadir le 11 octobre prochain,
la Confédération Tamunt n Iffus et l’organisation Tamaynut développent des scènaris dans la concertation, et toute contribution en harmonie avec les considérations de la feuille de route ne peut être que d’une grande valeur ajoutée.