Le taux d'abstention qui dépasse, selon les statistiques officielles, 63% confirme incontestablement la position négative des Marocains vis á vis de l'utilité de la participation á la vie politique au Maroc.
De leur part les différentes composantes du mouvement amazigh ont exprimé leur position par rapport á ces échéances électorales. Á l'exception, de l'AMREC qui a appelé á la pratique d'un vote de sanction contre les partis anti-amazigh, les autres ont rendu public des communiqués invitant á boycotter les élections législatives qui se déroulent dans une atmosphère non démocratique et encadrée par une constitution qui ne reconnaît pas l'amazighité du Maroc. Mais quelques soient les prises de positions exprimées par le mouvement amazigh, et malgré le taux d'abstention élevé les résultats finales ont donné la majorité parlementaire au Parti de l'Istiqlal, le parti "nationaliste" fondé depuis 1944. De même le Roi a désigné Abbas El Fassi, comme premier ministre. Il est le secrétaire générale du Parti et gendre du leader "nationaliste", Allal Elfassi, fondateur du Parti.
L'arrivée du Parti de l'Istiqlal à la tête des élections et la désignation d'Abbas El Fassi comme premier ministre mettent le mouvement amazigh dans l'impasse. Ce parti représente dans l'histoire du Maroc le salafisme, le panarabisme et l'anti-amazigh. Aussi ce Parti est lié, dans l'imaginaire collectif amazigh á l'élite fassie qui domine le Maroc et qui a toujours marginalisé les Amazighs et leur langue. Dans ce sens la victoire de ce parti pose au mouvement amazigh plusieurs questions :
1- le Parti de l'Istiqlal va-t-il bloquer toute initiative en faveur de l'amazighité?
2- l'enseignement de tamazight atteindra-il ses objectifs avec le parti de l'Istiqlal ?
3- La chaîne amazighe verra-t-elle le jour ?
4- Les familles auront-ils le droit de donner des prénoms amazighs á leurs progénitures ?
5 - La terre amazigh conserva-elle ses toponymes amazighs.
6 -Avec Abbas El Fassi, tamazight sera-elle langue officielle ?
Certainement tous les maux que tamazight à subit sont dus essentiellement aux origines idéologiques de ce Parti et aux positions politiques amazighophobes de ses leaders. Depuis la période de la lutte pour l'indépendance du Maroc, le clivage arabo-berbère s'imposait au sein de ce Parti. Son élite, qui revendiquait toujours l'origine andalouse et chérifienne considérait que le pouvoir ne peut être qu'entre leur main. De ce fait, ils n'accepterons jamais que l'amazighité prospère en leur présence (Voir l´ouvrage en arabe " Alhajarat al-andalusia fi almaghrib, Univ Mohammed V- Rabat). La vision méfiante de ce Parti face aux positions radicales du mouvement de libération nationale, composé essentiellement des Amazighs, confirme ce clivage qui va jusqu'á la liquidation physique des Amazighs opposants á ce Parti, l'implication du Parti de l'Istiqlal dans l'assassinat d'Abbas Elmsaâdi n'est pas á négliger. C'est la même élite qui a interprété le Dahir de 16 mai 1930 pour qu'il soit nommé Dahir berbère dans le but de l'exploiter au service de leurs fins idéologiques et en même temps dans le but de l'utiliser contre toute revendication d'une reconnaissance de l'amazighité du Maroc. Selon des acteurs encore vivant, la session de l' UNFP (Union national des forces populaires) et après la création de l'USFP (Union socialiste des forces populaires) étaient pour les Amazighs de Sous une façon d'exprimer leur colère contre le Parti de l'Istiqlal mais, malheureusement, les partis choisis comme alternative sont aussi panarabistes. Pour les Amazighs du Moyen Atlas, et pour exprimer la même position ont opté pour soutenir le mouvement d'Aherdan tandis que Addi u Bihi, dans le sud-est marocain a préféré la rébellion.